Un pays entre terre et mer
Les représentations artistiques du pays de Retz illustrent assez bien cette dualité d’un pays à la fois maritime, fluvial, et rural. En matière picturale, les œuvres locales les plus anciennes datent du XVIIe siècle et sont essentiellement en lien direct avec la Loire ou le commerce maritime comme le veut l’économie dominante de l’époque. Il faut attendre le XIXe siècle pour voir apparaître en peinture la mode des scènes rurales (bocage, marais), cadres naturels des scènes paysannes. L’engouement pour les voyages pittoresques valorise les premières images de quelques bourgs ou petites villes. Encore rares, ces représentations vont connaître un développement considérable en raison de la vogue des bains de mer inspirant les amoureux des rivages et nécessitant des images publicitaires.
L’arrivée de la photographie et son usage pour les cartes postales va enfin populariser l’idée que tout lieu où l’on vit a son intérêt et son charme. Ainsi de cette époque restent des milliers de cartes, témoignages sans pareil de la vie d’autrefois dans nos campagnes ou bourgs.
Par ailleurs divers textes descriptifs ou utiles à la compréhension des mentalités peuvent témoigner d’un pays de Retz d’autrefois. Les premiers sont ceux écrits par les « étrangers » à la région désireux d’exprimer autant que faire se pouvait leurs découvertes. Puis, plus timidement, c’est sous la plume des autochtones eux-mêmes que s’exprime, vu de l’intérieur, l’amour de leur petite patrie.
Un pays balnéaire
À partir de 1820, les familles aristocratiques de la vallée de la Loire ainsi que nombre de parisiens viennent d’autorité imposer une fonction thérapeutique aux rivages marins, qu’il s’agisse de la « prise des eaux » (de source) ou de la mode des bains de mer chauds.
D’abord de mise à Pornic, cette mode des eaux se propage aux localités voisines qui vantent chacune leur source miraculeuse : Préfailles, et plus tard La Bernerie, Saint-Michel et Saint-Brevin. Les nouveaux-venus font bientôt construire de somptueux chalets balnéaires dans les landes et les vignes qui regardent sur la mer. Les municipalités se dépensent pour aménager le littoral, ouvrir de nouvelles voies, supprimer les vieilleries de l’Ancien Régime.
Le tourisme proprement dit n’apparaît qu’avec l’arrivée du chemin de fer en 1875. Pornic se départit de son image sanitaire pour adopter celle de l’accueil. Les classes moyennes débarquent dès lors pour la journée et s’égaillent sur les quais autour du casino. La place « royale » de la Terrasse, dans la haute ville, est désormais abandonnée. À l’aube du XXe siècle, la page aristocratique se tourne en faveur d’un épisode plus populaire et familial qui mène aux congés payés.
L’économie touristique prend son essor avec ses meublés, ses camelots et ses parties de pêche à pied. Les touristes viennent alors se frotter à une population commerçante et entreprenante quand ce n’est pas aux paysans eux-mêmes le temps d’une grande marée. Les concepts touristiques se fondent sur un positionnement de la Côte de Jade en Bretagne méridionale. Tous les signets promotionnels sont destinés à cette fin. Pornic sonne breton, les galettes Saint-Michel et les bols de la faïencerie pornicaise font parler l’Armorique. Les groupes folkloriques locaux participent à cette image qui véhicule une identité bretonne militante.
Cette vocation balnéaire s’est fortement organisée depuis les années 1980. Ceci a pour conséquence d’une part d’encourager l’afflux des populations urbaines vers le littoral, soit à la journée soit durablement lorsqu’elles s’implantent dans les communes du centre du pays où les prix du marché foncier sont encore acceptables, d’autre part de forcer le contraste avec la partie profonde du pays de Retz fondée sur une économie agricole traditionnelle.
L’importance de l’Estuaire
La Loire, de Nantes à Saint-Brevin-les-Pins, longe les berges du pays de Retz. Elle matérialise une frontière tout en étant le principal vecteur de commerce pour l’exportation de ses productions : sel, vin, fourrage, bétail, briques etc., grâce à un réseau hydrographique convergeant. Cependant ce fleuve présente, au fil des ans, un problème d’ensablement qui engendre une multitude d’îles posant un grave problème pour la navigation.
Dès le XVIe siècle, les galiotes hollandaises ne peuvent remonter jusqu’à Nantes et doivent s’arrêter pour décharger leurs marchandises au port du Pellerin. Les travaux d’atterrissements des îles de Loire, entre cette commune et Paimboeuf, ne résoudront que temporairement le problème de navigation. Pendant près d’un siècle, Le Pellerin va connaître une réelle prospérité. Hélas, l’estuaire s’ensable de plus en plus et le tonnage des navires augmentant, il faut choisir un autre avant-port plus en aval : Paimboeuf. Mais le transbordement des marchandises sur des toues, gabarres ou chalands augmente le coût du transport.
Au XIXe siècle, le port de Lorient menace le commerce nantais. Pour sa survie, un gigantesque chantier est lancé : le canal maritime de la Basse-Loire, connu du grand public sous le nom de canal de la Martinière (village proche du Pellerin). Inauguré en 1892, il ne sera utilisé que pendant vingt ans, les moyens technologiques du XXe siècle ayant permis de draguer et d’approfondir le fleuve aujourd’hui totalement canalisé.
Un pays profondément rural
(Texte à venir)