Moyen Âge
Christianisation
Dès la fin de l’Antiquité, au IVe siècle, la visite de saint Hilaire évêque de Poitiers, venu baptiser saint Lupien à Ratiatum, atteste déjà d’une première christianisation. Les siècles suivants révèlent l’activité missionnaire active de saint Martin de Vertou, missionné par l'évêque de Nantes saint Félix, ainsi que la présence de divers évangélisateurs dans les campagnes : saint Colomban, saint Vital, saint Hermeland. Toutefois, il faut attendre le VIIIe siècle pour voir l’ensemble du territoire totalement évangélisé.
Les premiers monastères furent ceux des Philibertins. La mise en valeur de leurs terres fut stoppée par les invasions des Vikings.
Le Haut Moyen Âge
Notre contrée, soumise à la trop lointaine autorité de Poitiers, s’avère être un territoire convoité. L’instabilité politique et les rivalités entre princes aquitains et rois francs stimulent l’ambition des princes bretons. Au VIIIe siècle, les rois mérovingiens installent sur leurs frontières de l’ouest, pour les défendre, des guerches, toponyme qui subsiste notamment à Saint-Brevin et à La Chevrolière.
L’empire carolingien est organisé en comtés, eux-mêmes subdivisés en pagi et vicaria. Charlemagne mort, le pouvoir impérial s’affaiblit et génère une confusion politique. La création d’une zone tampon entre Empire et territoire breton devient nécessaire. Les Marches de Bretagne sont alors instituées. La vicaria ratiatensis, viguerie de Rais, apparaît dans les textes. En 835, elle consiste en la partie nord de l’Herbauges, zone destinée à se protéger des Bretons et des Vikings qui se sont manifestés dès 799, notamment à Nantes en juin 843 et à Déas (Saint-Philbert-de-Grand-Lieu) en 847. Elle consolide la défense du comté nantais.
Abbatiale de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, autrefois Déas, IXe siècle, Cl. Roland Babin
L’annexion bretonne
Après de longues querelles, en 850, Nominoë, roi des Bretons, s’empare de Nantes. Erispoë, fils de Nominoë, reçoit en don de Charles II le Chauve les symboles de la royauté ainsi que la confirmation des pouvoirs qu’avait exercés son père. C'est le traité d'Angers en 851 qui acte la souveraineté bretonne sur le comté de Rennes, le comté de Nantes et le pays de Retz.
Le territoire reste fortement disputé jusqu'à la fin du Xe siècle où de nouvelles conventions confirment la domination bretonne.
Les Vikings de la Loire sont chassés par le chef breton Alain Barbetorte en 937. À ses côtés apparaît le vicomte Gestin, dont l'origine reste floue. Il jette son dévolu sur l’ancienne viguerie de Rais proche de Nantes.
Sainte-Croix (Machecoul) ancienne cité portuaire en bord de baie, fortifiée dès l'époque poitevine, devient le centre du pouvoir féodal en pays de Retz à la faveur de la création de la maison de Rais issue de Gestin. La cité prospère et s'étend pendant plusieurs siècles. Au début du XVe siècle, Machecoul est élevée au rang de baronnie et impose sa suzeraineté à une douzaine de châtellenies.
Machecoul fait partie des Marches de Bretagne-Poitou qui intègrent plusieurs paroisses sud du pays de Retz. C'est une zone tampon entre la France et la Bretagne, bénéficiant de nombreuses exemptions et maillée d'un réseau de forteresses qui se font face, délimitant la frontière qui se stabilise.
Le château de Machecoul, Cl. Héloïse Heurtaud.
L’importance renouvelée du monachisme
Les XIe et XIIe siècles, plus paisibles, voient la renaissance d’un bon nombre d’établissements monastiques cisterciens ou bénédictins, placés parfois sous la tutelle d’abbayes angevines, tourangelles ou bretonnes. En effet le pays de Retz a vu s’implanter abbayes et prieurés, surtout en raison de sa situation géographique : proximité de la mer, de la Loire et de Nantes. Les moines vont être les aménageurs des zones humides et marais salants de la baie de Bretagne. On leur doit de multiples aménagements hydrauliques amenant la prospérité des terres cultivables et des pâturages.
L'abbaye cistercienne de Buzay, aujourd'hui située à Rouans, en est un bel exemple. Elle fut fondée en 1135 par saint Bernard de Clairvaux et connaît très rapidement la prospérité grâce à la mise en valeur des marais, aux octrois sur le sel et le commerce fluvial, et de nombreux dons.
Aménagement hydraulique à Buzay, Cl. SHPR La tour, seul vestige de l'Abbaye de Buzay, Cl. Roland Babin.
Le Bas Moyen Âge
Le pays de Retz a la réputation d'être une des plus riches et puissantes seigneuries du duché, notamment grâce à l'exploitation et au commerce du sel, véritable "or blanc" qui permet de conserver les aliments.
Cependant le territoire subit de plein fouet la guerre de Succession de Bretagne qui naît du long conflit mettant aux prises les partisans de Charles de Blois, beau-frère du roi de France et ceux de Montfort, comte de Rennes, pour la possession du duché de Bretagne (1341-1364). Le pays de Retz est dévasté par des bandes à la solde de l’Angleterre qui soutient Montfort. Les Marches, limites poreuses entre la Bretagne et le Poitou, se hérissent de châteaux fortifiés.