Le village de la Guinefolle
On trouve dans la campagne de la commune de Saint-Étienne-de-Mer-Morte de nombreux villages ou hameaux héritiers des exploitations agricoles présentes sur le territoire pour certaines depuis la période gallo-romaine.
Plan cadastral de 1837, ©Archives Départementales de Loire Atlantique
C’est le cas de la Guinefolle dont des vestiges d’une villa gallo-romaine ont été découverts à proximité, sur près de 7 ha ; le dernier morceau de mur a été démoli dans les années 1930. Ce village se situe au nord de Saint-Étienne-de-Mer-Morte, à la limite des communes de Paulx et de La Marne. Il est construit en limite des crues entre deux cours d’eau : le ruisseau de la Berganderie qui alimente un étang avant de rejoindre Le Tenu. Son orthographe varie au cours du temps on trouve également Guinefol, Dinne-Folle, puis Dîme-Folle.
Vestiges de la villa trouvés à la Guinefolle, ©SHPR
À l’écart du grand chemin gaulois menant de Arthon à Rocheservière, le site est propice à l’installation d’une léproserie au XIIe siècle par la présence de l’eau et son éloignement des bourgs. Cette maladrerie connue sous le nom de la Madeleine devient l’une des plus importantes du secteur. C’est le nom laissé à la parcelle où se situait le cimetière. La léproserie ou maladrerie, très dégradée, a été détruite en 1972 pour élargir la rue trop étroite (5 m). C’était un bâtiment étagé, avec lucarnes et niches dans les murs, sans apparat ni pierre noble.
Un seul chemin menait au village, venant de Saint-Étienne ; un autre chemin et un sentier, venant de Paulx, s’en approchait, en passant la Berganderie sur une planche ou à gué aux beaux jours. Une route venant de Paulx fut ouverte en 1936, avec un beau pont que la première crue emporta. Un bras de rivière de 100 mètres fut alors creusé par les hommes du village, pour décharger le lit initial, obligeant la construction d’un second pont.
Village aux sources à fleur de terre, il bénéficie de huit puits empierrés, dont quatre en pierre, creusés à la main par les hommes du village, privatifs ou mitoyens, qui fournissaient les sept fermes d’autrefois. Devant la maladrerie se trouvait une mare au milieu du village ; mais on avait préféré faire des « approches » avec des fagots de bois au bord des rivières, pour laver le linge. Quelques fagots de sarments étaient ennoyés à proximité pour capturer des anguilles…
Intérieur du four à pain, 2017, ©SHPR
Un four à pain restauré rappelle les cinq autres disparus. Il est chauffé pour des cuissons dans un cadre familial, mais des « journées pain » peuvent y être organisées ; il a accueilli de nombreux scolaires.
Propriété privée au village de la Guinefolle, 2017, ©SHPR
Aujourd’hui le village garde une vocation agricole avec la présence d’une exploitation. Il conserve d’anciens éléments tels que les dépendances, bâtiments de ferme. L’habitat d’aspect rural est réparti de part et d’autre de la rue, utilisant les pierres de la villa ruinée, le schiste local et la pierre de chaume utilisée dans les XIXe et début XXe siècles.
Cet article a été réalisé en collaboration avec M. Maurice Baril, président de la Société des historiens du pays de Retz.