Prieuré du Guignaud
Nous retenons l'orthographe actuelle de Guignaud qui apparait dans les actes à la fin du XVIIIe siècle, mais on rencontre aussi Guiniau, Guinio, Guignieau, Guygnau, Guigno, Guineau, Guino, Guihennio, Guéniau, Guinaud et même enfin, Digneau.
De quand date la fondation du prieuré ? Émile Boutin, qui le dénomme Quiniau, avance une fondation au XIe siècle par le seigneur de la Benâte. Gustave Brunellière, l'historien de la Limouzinière, se référant au même document, avoue ne pas savoir. On sait par ailleurs que Bernard de Machecoul fait une donation à l’abbaye de Nieul sur l'Autize de qui le prieuré dépend, en 1185.
Chapelle du Guignaud, 2019, © J.-L. Gourvès
L'abbaye de chanoines réguliers Augustins de Nieul est fondée en 1068 et bénéficie du soutien des comtes de Poitiers, ducs d'Aquitaine. Elle devient abbaye royale en 1141 grâce à Aliénor d'Aquitaine épouse du roi de France Louis VII. Les Augustins de Nieul possédaient quatre prieurés au pays de Retz : Quinquenavant et Saint-Lazare à Machecoul, Saint-Étienne-de-Corcoué et le Guignaud à la Limouzinière.
La première mention de la chapelle du Guignaud se trouve dans un aveu de 1475, rendu par les sieur et dame de Chauvigny; c'est sans doute pourquoi on la date du XVe siècle. L'abbé Brunellière rapporte avoir reconnu les armes des Chauvigny sur un motif de sculpture dans cette chapelle.
Armes des Chauvigny, 2019, ©J.-L. Gourvès
En 1705 les Augustins de Nieul, prétextant la vie difficile dans leur abbaye, sollicitent leur rattachement au chapitre de l'évêché de la Rochelle. On peut situer leur départ du Guignaud dès la fin du XVIIe siècle puisqu'en 1689, le grand archidiacre de Nantes visitant la chapelle, n'y rencontre que le fermier l'informant que le service de la messe est fait par un religieux Fontevriste de Val de Morière. La chapelle est jugée en bon état et bien entretenue, garnie d'ornements tout neufs "fors le missel qui ne vault rien".
Le beau domaine de 117 ha d'un seul tenant n'est pas aliéné mais affermé au profit d'un prieur commendataire nommé par le roi. On se souvient que cette institution de la commende, contraire au droit canon, fut un des griefs ayant fait naître le Protestantisme.
Le domaine est saisi et vendu comme bien national en 1791 au nom de "la mise à disposition de la Nation des biens du clergé", suivant décret de l'Assemblée Nationale, revêtu de lettres patentes du roi. Les acheteurs sont les époux Bouanchaud notables de Saint-Etienne-de-Corcoué dont la famille va garder cette propriété pendant 71 ans. En 1862 elle passe par achat dans la famille Hardouin-Bardoul. L'héritière Marie Anne Bardoul, veuve du marquis du Sel des Monts, meurt en 1946, ayant légué le domaine à ses deux filles.
Charpente de la chapelle, vers 1967, Archives Départementales de Loire Atlantique
La chapelle est encore debout vers 1967 coiffée de sa magnifique charpente, ainsi que l'attestent les photos prises par les Archives Départementales. La charpente aurait été démontée en 1984, entraînant la ruine des murs. On peut voir encore l'autel, les murs découronnés et la base de la grande fenêtre.
Cet article a été réalisé en collaboration avec M. Jean-Louis Gourvès, membre de La Ligne Corcoué-Histoire.