Château de la Touche
Les experts intervenant à l'occasion du classement en 1996 ont reconnu là un logis-porte, très en vogue en Bretagne au XVe siècle. Un « logis-porte » conduit naturellement à un château ; ce que l’on nomme aujourd’hui château de la Touche n’est donc qu’une partie d’un ensemble castral. Le plan cadastral de 1843 indique que de grands bâtiments fermaient la cour au nord et à l’est, ces derniers ne sont malheureusement plus visibles.
Plan cadastral, 1843, Archives Départementales de Loire Atlantique
Les recherches les plus récentes nous enseignent que ce logis-porte, est construit à la fin du XIVe siècle. C’est un grand bâtiment de forme rectangulaire, traversé par un large passage vers la cour intérieure. La porte cochère est en forme d'arc brisé.
Château de la Touche côté cour, 2012, ©J.-L. Gourvès
Dans une deuxième phase sont ouvertes des fenêtres vers l'extérieur et sont construites côté cour une tour et une galerie formée de cinq ouvertures ogivales encadrant la grande ogive du passage. Cette galerie sera ultérieurement surélevée et percée de larges ouvertures. La tour portait un colombier à sa partie supérieure. Elle fut découronnée par ordre de Louis XIII revenant en 1622 du siège de la Rochelle. La construction ou reconstruction d'une chapelle est attestée en 1506 dans les comptes de la seigneurie. Son emplacement est encore bien visible.
Vestiges de la chapelle et son bénitier, 2012, ©J.-L. Gourvès
La date de la construction de la galerie n'est pas élucidée. Son style dénoterait le début du XVe siècle et correspondrait à une élévation sociale des La Touche suite à une alliance matrimoniale avec la puissante famille de Goulaine, en 1430. Mais on pense aussi à l'accession à la noblesse de cour de Renaud de la Touche qui obtient en 1557 du roi Henri II l'élévation de son domaine en châtellenie, avec les prérogatives honorifiques et féodales afférentes. Une étude archéologique des mortiers permettrait de lever ce doute.
De l'avis des spécialistes le logis-porte n'était pas le logement du seigneur et de sa famille mais un bâtiment de prestige, les deux pièces à l'étage servant pour des réceptions d'hôtes de marque, peut-être pour l'exercice de la justice seigneuriale. En 1557 le roi avait autorisé la construction d'un château décoré de mâchicoulis, pont-levis, fossés, etc., éléments de fortification qui n'ont jamais été réalisés. Après 1600 les grand seigneurs possédant le domaine n'y vinrent plus et l'affermèrent.
En janvier 1995 l'angle sud-ouest de la bâtisse s'effondra. Les élus municipaux étaient partagés quant à engager la commune dans une opération de sauvegarde. Finalement la municipalité décida de mener une triple mission ; en premier intéresser la direction des affaires culturelles, et provoquer une étude archéologique approfondie devant déboucher sur un classement de l'édifice ; en second et simultanément devenir propriétaire du lieu, enfin s'engager à entreprendre les travaux d'urgence. Tout ce programme fut réalisé. Fort malheureusement une nouvelle tempête endommagea la protection mise en place et, depuis, le château menace ruine.
Château La Touche angle nord-est, 2012, © J.-L. Gourvès
Cet article a été réalisé en collaboration avec M. Jean-Louis Gourvès, membre de La Ligne Corcoué-Histoire.