Prigny
Prigny est une ancienne commune du pays de Retz. Pour l’histoire de Prigny postérieure à 1815, consulter la carte d’identité des Moutiers-en-Retz.
Organisation territoriale, administrative et religieuse
Territoire :
La commune de Prigny a été rattachée à celle des Moutiers-en-Retz en 1815.
Entités administratives laïques :
Sénéchaussée (Judiciaire) : |
Nantes |
Intendance / Généralité (Administratif) : |
Bretagne |
Subdélégation de l’ancien régime (dépend de l’intendance) : |
Bourgneuf (1704-1789) |
District révolutionnaire : |
Paimboeuf (1790-1795) |
Nom du premier maire : |
Mathurin Debec (1792-1797) |
Arrondissement : |
Paimboeuf (1800-1815) |
Canton (ex : une commune a pu changer de canton depuis leur création) |
Bourgneuf (1793-1815) |
Entités religieuses :
Diocèse : |
Poitiers (1ère moitié du IVe siècle-Vers 850) Nantes (Vers 850-1815) |
Archidiaconé : |
Grand Archidiaconé de Nantes (Vers 850-1790) Arrondissement de Nantes (1790-1815) |
Climat / doyenné : |
Doyenné de Retz (Vers 850-Vers 1400) Climat d’Outre-Loire (Vers 1400-Vers 1600) Climat de Retz (Vers 1600-1790) Canton de Bourgneuf (1790-1815) |
Paroisse : |
Saint-Jean-Baptiste de Prigny ( ?-1815) |
Droits monastiques sur la paroisse et/ou présence d’un prieuré ou une abbaye : |
Deux prieurés dépendant d’abbayes bénédictines ont leur origine au XIe siècle sur la paroisse de Prigny : - Le prieuré Saint-Nicolas, dépendant des moines bénédictins de Saint-Jouin-de-Marnes, en Poitou. À l’origine de la paroisse constituée de Prigny (le prieur est recteur de Prigny et de l’Île de Bouin). - Le prieuré Saint-Jacques, dépendant de l’abbaye Saint-Nicolas d’Angers. |
Entités féodales :
Ne sont présentées en détail que les principales seigneuries de la commune (celles ayant leur chef-lieu ou possédant un territoire important sur la commune).
D’autres seigneuries pouvaient posséder des territoires qui font aujourd’hui partie de la commune. Nous les citons simplement.
Châtellenie de Prigny |
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Date de constitution : (approximativement) |
Dans les années 1040-1070, le château de Prigny (castrum) apparaît dans les cartes. |
Droits (haute, basse, moyenne justice…) |
Tous les droits inhérents à une châtellenie dont Haute justice Prigny est encore châtellenie en titre en 1790. |
Justice : lieu où la justice était rendue, coutume, etc. |
Cour de Prigny jusqu’en 1680 Puis Bourgneuf |
Premier seigneur (ou famille) connu de la seigneurie : |
Judicaël, viguier (vicarius) de Prigny, s’émancipe de la tutelle du comte de Nantes et devient seigneur châtelain (vers 1070). |
Dernier seigneur (ou famille) connu de la seigneurie : |
Clément Alexandre de Brie-Serrant, marquis de Serrant, duc de Retz (1789) |
Chronologie
Toponymie et première mention écrite de la commune :
La plupart des actes de l’ancien Régime parlent de la « ville de Prigny » et l’utilisation du mot oppidum dans les chartes du XIe siècle montrent que le site est fortifié autour d’un château (castrum). En bordure d’une ria du golfe de Machecoul, il bénéficie d’une position élevée (25 mètres) et d’un port. La ville ou bourg castral a pu succéder à un oppidum gaulois puis gallo-romain. Prigny est parfois identifiée avec l’antique Briliacum où les envahisseurs normands se sont retranchés dans les années 850. La forme Prigny apparaît à la fin du XIe siècle dans les cartulaires de Saint-Sauveur de Redon et du Ronceray : Pruniacense opidum, territorio pruniacensi.
Le nom serait issu soit du celte signifiant bois épais, soit d’un propriétaire gallo-romain nommé Prunius ou Prunus.
Petite description chronologique de l’histoire de la commune :
Préhistoire
Le territoire de Prigny et de l’actuelle commune des Moutiers-en-Retz peut se prévaloir d’un riche passé préhistorique. Des monuments mégalithiques y sont encore visibles au XIXe siècle. Il recèle des traces d’habitat ancien (néolithique moyen) près du bourg actuel des Moutiers. Proche de Prigny, aux Jaunais, la découverte d’éléments de briquetage issus de fours à sel et de fours à céramique datant du Bronze final et de l’âge de fer (1er millénaire avant J.C.) rend probable la présence de camps défensifs sur ce site.
Antiquité
Parmi les éléments de briquetage, on retrouve également quelques fragments de tuiles (tegulae), datant de l’époque gallo-romaine. La découverte sur le coteau d’un four à sel antérieur à l’occupation romaine a révélé des traces de liens économiques avec Rome (fragments d’amphores Dressel). Des traces d’habitats gallo-romains ont été découvertes aux Courtes et à la Rairie. Un autre four à sel d’époque gallo-romaine (Ier siècle avant J.-C.) a été découvert à proximité du bourg et de l’ancienne rive. Durant l’époque gallo-romaine, le territoire de Prigny semble être un lieu important avec la probable présence d’une villa. Établi sur la butte, un oppidum succède sans doute aux défenses gauloises. Le site est au croisement de deux voies romaines, et abrite peut-être des établissements métallurgiques (village des Forges).
Moyen-Âge
Pour certains auteurs, Saint Martin de Vertou évangélise le territoire et fonde une première église à Prigny au VIe siècle, cette hypothèse est aujourd’hui remise en question. Les Vikings arrivent à Noirmoutier à la fin du VIIIe siècle et s’installent probablement à Prigny au début du IXe. La découverte au XIXe siècle de quatre ancres de facture viking non utilisées laisse supposer l’utilisation de forges locales.
La datation d’une motte castrale ou du château établi à la suite de l’oppidum gallo-romain n’est pas connue. Dans la première moitié du XIe siècle, le château de Prigny est confié à Judicaël, viguier du comte de Nantes. À la fin de ce siècle, les droits de l’église castrale dédiée à Saint-Jean-Baptiste sont transférés à l’abbaye Saint Jouin de Marnes qui fonde le prieuré Saint Nicolas hors les murs. La chapelle Saint-Jean-Baptiste, desservie par les moines du prieuré Saint Nicolas, devient église paroissiale.
En transférant au prieuré du Ronceray les terres et les droits sur le faubourg de Prigny, le viguier Judicaël et ses fils, émancipés de la tutelle du comte de Nantes, fondent le bourg des Moutiers.
Le lent déclin démographique du site de Prigny, qui accompagne celui de son port que la mer n’atteint plus, est contemporain de l’essor du Bourg des Moutiers. Dès la fin du XIIe siècle, la châtellenie de Prigny est passée par alliance à la famille des seigneurs de Machecoul et de Rais.
Période moderne
Le XVIe siècle est marqué par des conditions climatiques désastreuses pour les marais salants qui figurent en nombre dans les domaines des établissements religieux présents à Prigny et dans ceux de la paroisse.
Le déclin de Prigny se confirme tout au long de la période moderne, mais au XVIIe siècle, il bénéficie de la conjecture plus favorable qui permet l’embellissement de l’église Saint-Jean-Baptiste par l’ajout de trois beaux retables réalisés par Etienne Bedoy, sculpteur originaire des Brouzils en Poitou. La construction d’un presbytère témoigne aussi de ce renouveau. Au XVIIIe siècle, la disparition du prieuré Saint-Nicolas et la démolition du sanctuaire entraînent le transfert du culte à Saint-Jean-Baptiste dont l’église est agrandie et dotée d’un cimetière. La paroisse dessert alors les villages du Clion éloignés de leur église. En 1769, une tentative est faite, sans succès, pour enrayer le déclin démographique par l’agrandissement du territoire paroissial. Elle est rééditée en 1789 dans le cahier de doléances de Prigny.
Période contemporaine
Durant la Révolution, les habitants de Prigny font bon accueil aux idées nouvelles et ils élisent leur premier maire en 1790. Une première tentative de regroupement avec Le Bourg des Moutiers intervient en 1793. La nouvelle entité est appelée « Les Champs libres ».
En septembre 1795, le maire de Prigny, Jean Lucas, est tué dans la cour de sa ferme de la Bouie (ancien prieuré Saint-Nicolas) par une troupe d’insurgés.
La commune est rattachée à celle des Moutiers-en-Retz en 1815.
Les derniers vestiges du château de Prigny, à l’abandon depuis le XVIIIe siècle, disparaissent vers 1832.
Dates marquantes de l’histoire de la commune :
Vers 799-936 : occupation de Prigny par les Vikings
Vers 1063-1078 : donation de l’église Saint-Jean-Baptiste de Prigny à l’abbaye Saint-Jouin de Marnes
1548 : la paroisse de Prigny obtient des exemptions d’impôts pour l’indemniser des pertes souffertes par les marais salants (tempêtes)
1655 : construction de la cure de Prigny
1665 : construction de retables dans l’église Saint-Jean-Baptiste de Prigny par Etienne Bedoy, architecte et sculpteur (retables aujourd’hui classés monuments historiques)
1678 : Le château de Prigny possède encore une garnison
1680 : la justice seigneuriale de Prigny est transférée à Bourgneuf
1730 : démolition de l’église du prieuré Saint-Nicolas de Prigny, le culte est transféré à Saint-Jean-Baptiste
Vers 1745 : agrandissement de l’église Saint-Jean-Baptiste de Prigny
1769 : décret épiscopal d’agrandissement de la paroisse par l’adjonction des villages et métairies du Clion et des Moutiers les plus proches. Le décret reste lettre morte
Vers 1793 : Les communes du Bourg des Moutiers et de Prigny sont brièvement réunies une première fois sous le nom « Les Champs libres »
1815 (30 décembre) : Une ordonnance rattache la commune de Prigny à celle des Moutiers-en-Retz
Caractéristiques économiques et sociales :
Dénombrements / démographie :

Économie locale d’hier et d’aujourd’hui (pêche, industrie, viticulture, etc.) :
L’économie locale de Prigny est liée à l’agriculture, à la pêche et à l’exploitation des salines. Les textes de la donation à Saint Jouin de Marnes citent en outre sur le territoire de Prigny, des vignes à devoir de complant, un vivier et un réservoir à huîtres. Les salines, situées essentiellement sur la paroisse de Bouin, sont importantes dans les possessions du prieuré Saint Nicolas (plus de 1000 aires). Face à l’évolution du marais, les sauniers de Saint-Nicolas expérimentent le système des œillets au début du XVIIIe siècle.