Les Moutiers-en-Retz
Pour l’histoire de l’ancienne commune de Prigny antérieure à 1815, consulter la carte d’identité de Prigny. Pour l’histoire de La Bernerie-en-Retz postérieure à 1863, consulter la carte d’identité de La Bernerie-en-Retz.
Organisation territoriale, administrative et religieuse
AUJOURD’HUI |
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Nom de la commune : |
Les-Moutiers-en-Retz |
Maire actuel : |
Pascale Briand (2020-2026) |
Communauté de communes : |
Pornic Agglo Pays de Retz |
Département : |
Loire-Atlantique |
Arrondissement : |
Saint-Nazaire |
Canton : |
Pornic |
Région : |
Pays de la Loire |
Superficie : |
9,57 km² |
Nombre d’habitants : |
1 576 (2015) |
Code INSEE : |
44 106 |
Gentilé : |
Monastériens / Monastériennes |
Devise : |
More Majorum / À la Manière des Anciens |
Territoire :
La commune des Moutiers-en-Retz absorbe celle de Prigny en 1815, et cède La-Bernerie-en-Retz en 1863.
Entités administratives laïques :
Sénéchaussée (Judiciaire) : |
Nantes |
Intendance / Généralité (Administratif) : |
Bretagne |
Subdélégation de l’ancien régime (dépend de l’intendance) : |
Bourgneuf (1704-1789) |
District révolutionnaire : |
Paimboeuf (1790-1795) |
Nom du premier maire : |
Jean-Baptiste Giraud des Vrillières (1790) |
Arrondissement : |
Paimboeuf (1800-1926) Saint-Nazaire (1926-aujourd’hui) |
Canton (ex : une commune a pu changer de canton depuis leur création) |
Bourgneuf-en-Retz (1793-2015) Pornic (2015-aujourd’hui) |
Entités religieuses :
Diocèse : |
Poitiers (1ère moitié du IVe siècle-Vers 850) Nantes (Vers 850-aujourd’hui) |
Archidiaconé : |
Grand Archidiaconé de Nantes (Vers 850-1790) Arrondissement de Paimboeuf (1790-1939) Archiprêtré de Paimboeuf (1939-1968) Archidiaconé Sud (1968-1975) |
Climat : |
Doyenné de Retz (Vers 850-Vers 1400) Climat d’Outre-Loire (Vers 1400-Vers 1600) Climat de Retz (Vers 1600-1790) Canton de Bourgneuf (1790-1939) Doyenné de Bourgneuf (1939-1968) Zone Côte – Secteur Pornic (1968-1988) Zone Pays de Retz – Secteur Côte Sud (1988-2004) Zone pastorale Pays de Retz (2004-aujourd’hui) |
Paroisse : |
Saint-Pierre du Bourg-des-Moutiers (jusqu’en 1815) Saint-Pierre-des-Moutiers (1815-2004) Saint-Jean-Le-Baptiste-en-Retz (2004-aujourd’hui) |
Droits monastiques sur la paroisse et/ou présence d’un prieuré ou une abbaye : |
Deux prieurés dépendant d’abbayes bénédictines ont leur origine au XIe siècle sur la paroisse du Bourg-des-Moutiers : - Le prieuré Saint-Pierre dépendant de Saint-Sauveur de Redon. À l’origine de la paroisse Saint-Pierre du Bourg-des-Moutiers. Il a une annexe (Saint-Étienne) sur la paroisse du Clion. - Le prieuré Notre-Dame, dépendant de Notre-Dame-de-la-Charité du Ronceray d’Angers. La prieure de Notre-Dame est en titre la dame seigneur du Bourg-des-Moutiers. Elle possède tous les droits inhérents à une seigneurie, y compris les droits pleins de justice. |
Entités féodales :
Ne sont présentées en détail que les principales seigneuries de la commune (celles ayant leur chef-lieu ou possédant un territoire important sur la commune).
D’autres seigneuries pouvaient posséder des territoires qui font aujourd’hui partie de la commune. Nous les citons simplement.
Châtellenie de Prigny |
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Date de constitution : (approximativement) |
Dans les années 1040-1070, le château de Prigny (castrum) apparaît dans les chartes. |
Droits (haute, basse, moyenne justice…) |
Tous les droits inhérents à une châtellenie dont Haute justice. Prigny est encore châtellenie en titre en 1790. Elle est la structure féodale dominante à laquelle rendent aveux les seigneuries vassales du Bourg des Moutiers dont celle de la dame prieure. |
Justice : lieu où la justice était rendue, coutume, etc. |
Cour de Prigny jusqu’en 1680 Puis Bourgneuf |
Premier seigneur (ou famille) connu de la seigneurie : |
Judicaël, viguier (vicarius) de Prigny, châtelain de Prigny, s’émancipe de la tutelle du comte de Nantes (vers 1070). |
Dernier seigneur (ou famille) connu de la seigneurie : |
Clément Alexandre de Brie-Serrant, marquis de Serrant, duc de Retz (1789) |
Châtellenie du Bois des Tréhans puis seigneurie du Bois des Tréhans, Vieillevigne et Machecoul entre les deux châteaux |
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Date de constitution : (approximativement) |
Avant le XIVe siècle (Xe siècle ?) : présence probable d’un château. En 1544, apparaît la mention de la seigneurie de Vieillevigne et Machecoul entre les deux châteaux qui reste associée au Bois des Tréhans jusqu’à la fin du XVIIe siècle. |
Droits (haute, basse, moyenne justice…) |
Tous les droits inhérents à une châtellenie dont Haute justice. Jusqu’en 1672, le titre de châtellenie est utilisé dans les aveux. Radiation de ce titre par sentence de 1675 Définie ensuite comme Terre, fief, juridiction domaines et droits du Bois des Tréhans. |
Justice : lieu où la justice était rendue, coutume, etc. |
Inconnu |
Premiers seigneurs châtelains connus: |
André II Rouault (v1335-ap 1398) époux de Catherine de Machecoul, fille du seigneur de Vieillevigne. |
Derniers seigneurs (ou famille) connus de la seigneurie : |
René Boux de Bougon (vers 1772) |
Seigneurie de Vieillevigne et Machecoul entre les deux châteaux |
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Date de constitution : (approximativement) |
Seigneurie démembrée du Bois des Tréhans au XVe siècle ? Parfois dite « fief de Machecoul appartenant au seigneur de Vieillevigne » |
Droits (haute, basse, moyenne justice…) |
Définie comme Terre, fief, juridiction domaines et droits. |
Justice : lieu où la justice était rendue, coutume, etc. |
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Premier seigneur connu: |
François de la Lande, seigneur de Vieillevigne (fils de Tristan de la Lande) aveux en 1473 et 1499 (Tristan est fils de Jean et Marguerite de Machecoul) |
Derniers seigneurs (ou famille) connus de la seigneurie : |
De 1544 à 1649, les aveux sont conjoints avec ceux de la châtellenie du Bois des Tréhans. |
Seigneurie et juridiction du prieuré Notre Dame |
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Date de constitution : (approximativement) |
XIe siècle par donation de terres et de droits (dont prévôté) par Judicaël de Prigny et ses fils, en faveur de leur fille et sœur, Adénor, religieuse à l’abbaye du Ronceray. |
Droits (haute, basse, moyenne justice…) |
Fiefs et juridictions sur le Bourg-des-Moutiers : fiefs localisés entre ceux de Prigny, du Bois des Tréhans et la rive de la mer. Droits de justice Haute, moyenne et basse, d’officiers, de mesures, droits fiscaux dont la moitié des dîmes, d’épaves et gallois, rachats, droits banaux (moulin, four) de cohue, de poteau, droit de chanson nouvelle. Contestée par les officiers du duc de Retz, la haute justice est retirée en 1647 par arrêt du Parlement de Bretagne. La prieure a le droit de présentation du vicaire de la paroisse Saint-Pierre. Elle possède aussi des fiefs et droits sur la paroisse du Clion. |
Justice : lieu où la justice était rendue, coutume, etc. |
Non localisé |
Premier seigneur connu: |
Adénor, la jeune de Prigny est la première prieure |
Derniers seigneurs (ou famille) connus de la seigneurie : |
Les prieures appartiennent généralement à des familles nobles d’Anjou et du Maine. Parfois parentes des abbesses du Ronceray, elles se succèdent souvent de tante en nièce. La dernière prieure est Jeanne Charlotte Renée Céleste de Farcy de Cuillé. |
Seigneurie de La Gressière |
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Date de constitution : (approximativement) |
Présence d’un château dès le XIe siècle ? |
Droits (haute, basse, moyenne justice…) |
Fief et maison noble sans droit banal. Simple seigneurie foncière rendant aveu à la dame prieure du Bourg des Moutiers |
Justice : lieu où la justice était rendue, coutume, etc. |
Sans objet |
Premier seigneur connu: |
Tudual et Guérin de la Gressière cités dans les cartulaires du Ronceray et de Saint-Sauveur de Redon (fin XIe) |
Derniers seigneurs (ou famille) connus de la seigneurie : |
Pierre de Saffré (+ avant 1743) Puis familles Meusnier et Charrette de Boisfoucault (XIXe) |
À la fin du XVIIe siècle, quelques terres relèvent de la commanderie de Saint-Jean et de la commanderie de Biais. La maison et tenue du Collet dépend de la châtellenie de Bourgneuf sur la paroisse de Saint-Cyr.
Chronologie
Toponymie et première mention écrite de la commune :
Le Bourg-des-Moutiers est désigné d’abord comme le faubourg (suburbii) de Prigny dans les chartes du Ronceray. Le territoire se réorganise au XIe siècle, après les destructions normandes, autour d’une antique nécropole probablement christianisée par les moines Philibertins au VIIe siècle. Les seigneurs de Prigny y fondent un bourg en transférant leurs droits (notamment la prévôté et un marché) au prieuré Notre Dame qui élève une église : l’Église Madame (pour église de Madame la prieure) à l’emplacement d’une première chapelle. Dans les mêmes années, l’église Saint-Pierre est donnée par le prêtre Even à l’abbaye Saint-Sauveur de Redon. Cette fondation du prieuré Saint-Pierre se fait sous le patronage d’Harscouet de Sainte-Croix, ancêtre des seigneurs de Rais. En 1225, une première mention du Bourg-des-Moutiers, Burgo monasterium, apparaît dans le cartulaire des sires de Rais.
Par ailleurs, on peut préciser que la commune a changé de nom au cours de la période révolutionnaire, pour s’appeler temporairement Les Champs-Libres.
Petite description chronologique de l’histoire de la commune :
Préhistoire et Antiquité
Consulter la carte d'identité de Prigny.
Moyen Âge
Une nécropole probablement d’époque mérovingienne a été découverte sur la place de l’église des Moutiers-en-Retz. Son importance laisse supposer qu’elle est sans doute à l’origine de l’occupation du site. Au Bourg-des-Moutiers, l’essor du XIe siècle est caractérisé par le développement de l’habitat (75 maisons à la fin du siècle) autour des deux églises prieurales reconstruites. Le cimetière, souvenir de l’ancienne nécropole, occupe le centre de la vie villageoise. Un marché se développe sous le patronage des religieuses qui possèdent aussi de nombreuses aires saunantes et des écluses de mer. L’essor de la production et du commerce du sel de la Baie, qui voit son apogée au XIVe siècle, enrichit les possesseurs de salines qui maintiennent dans leur dépendance économique un peuple de sauniers et laboureurs. Les destructions de la guerre de succession de Bretagne (occupation anglaise du fort du Collet sous les ordres de Gautier Huet) marquent la fin du Moyen-Âge et entraînent la fin de la conventualité du prieuré Notre Dame au début du XVe siècle.
Période moderne
Le XVIe siècle est marqué par des conditions climatiques désastreuses pour les marais salants. À cette situation difficile, qui nécessite des exemptions fiscales, s’ajoutent les troubles de la Ligue (combats au Collet). Le début du XVIIe siècle s’ouvre sur un renouveau sensible dans les aveux qui laissent entendre un accroissement du bourg et signalent la construction de maisons neuves. Profitant de l’abandon de la conventualité, les officiers du duc de Retz cherchent à limiter les droits seigneuriaux de la dame prieure en lui retirant la Haute justice en 1647.
L’envasement progressif de la baie amorce la disparition de nombreuses salines et, au XVIIIe siècle, un début de reconquête de terres agricoles par les atterrissements. Durant la Révolution, les habitants des Moutiers semblent faire bon accueil aux nouvelles idées.
Période contemporaine
Le mois de mars 1793 voit le passage des troupes des deux camps lors des combats de Pornic. En février 1794, 41 personnes, femmes et enfants, supposés complices des rebelles royalistes, sont embarquées au Collet et noyées en baie de Bourgneuf.
Le XIXe siècle est marqué par deux phénomènes qui affectent durablement la vie de la nouvelle commune dont le territoire s’est accru de celui de la commune de Prigny supprimée en 1815 : la défense contre la mer et les difficiles rapports entre le bourg et les villages groupés autour du port de La Bernerie. Les attaques répétées de l’océan sur le littoral nécessitent une lutte constante pour renforcer les dunes puis élever des digues de protection. Le développement de l’habitat littoral, suite à l’arrivée du chemin de fer en 1875, complique les problématiques de défense. La crise, née de l’émancipation des villages du nord de la commune autour de La Bernerie, trouve son origine dans des évolutions sociologiques divergentes. Elle complique la gestion communale et la vie quotidienne des habitants. Elle connaît son apogée entre la séparation des paroisses en 1840 et celle des communes en 1863.
Après la Première Guerre mondiale, les premières lois d’urbanisme entraînent d’importantes modifications comme l’ouverture de la place centrale du bourg, et l’apparition de lotissements construits sur les anciens marais entre le bourg et le littoral. La période des Trente Glorieuses (1945-1975) voit le déclin progressif de l’agriculture et l’essor de l’industrie touristique : apparition de campings et construction de résidences secondaires. Plus récemment, l’apparition de problématiques nouvelles, liées à l’environnement et à la protection du milieu naturel, modifie et justifie une approche différente du tourisme devenu la richesse économique dominante.
Dates marquantes de l’histoire de la commune :
Vers 1051-1063 : donation (et construction ?) de l’église Saint-Pierre à l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, construction de l’église Madame du prieuré du Ronceray.
1225 : première mention du Bourg-des-Moutiers : Burgo monasterium.
Avant 1670 : construction d’une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié au village de la Bernerie.
1688 : Le village de La Bernerie est considéré comme le point le plus important du comté nantais pour le commerce maritime et la pêche (mémoire de Béchameil de Nointel).
Vers 1777 : creusement de l’étier du Collet
Vers 1793 : Les communes du Bourg des Moutiers et de Prigny sont brièvement réunies une première fois sous le nom « Les Champs libres ».
1815 : absorption de la commune de Prigny
1840 : séparation de la paroisse de La Bernerie
21 mars 1863 : La Bernerie devient commune
1875 : arrivée du chemin de fer.
1880 : construction de l’écluse du Collet et installation du port sur la commune des Moutiers.
1986 : Le Bourg-des-Moutiers devient Les Moutiers-en-Retz
Caractéristiques économiques et sociales :
Le nombre d’habitants diminue entre les années 1793 et 1800 à cause des guerres de Vendée. Il augmente ensuite jusque dans les années 1821, lorsque la commune absorbe Prigny en 1815. Il diminue fortement entre 1861 et 1866 avec le détachement de la commune de La-Bernerie-en-Retz en 1863. Il se stabilise jusqu’au début du XXe siècle, avant de diminuer très légèrement à cause des guerres mondiales. Il augmente de nouveau fortement dans les années 1970, en lien avec le développement de la métropole nantaise et le phénomène de périurbanisation.
Économie locale d’hier et d’aujourd’hui:
Du Moyen-Âge à l’époque moderne, l’économie locale des Moutiers-en-Retz est liée, comme à Prigny, à l’agriculture, à la pêche et à l’exploitation des salines. Fruit d’une économie de subsistance, l’agriculture est omniprésente dans les aveux de l’Ancien Régime. Les vignes apparaissent dans les actes aux temps les plus reculés du Bourg des Moutiers. L’approvisionnement de l’ensemble monastique du Ronceray explique l’importance du sel et du poisson, justification économique du prieuré Notre Dame. L’abondance des écluses de mer sur le littoral de la paroisse (notamment dans le secteur de La Bernerie) et les salines encore nombreuses au XVIIIe siècle, illustrent cette économie particulière.
Le commerce du sel s’est développé avec la formation des marais salants au Moyen-Âge. Celui-ci est en grande partie vendu aux pays de l’Europe du nord. Ces mouvements déclinent à partir de la Révolution française avec le manque d’eau de mer dans les marais, l’arrivée de nouveaux moyens de conservation ainsi que les nombreuses guerres qui ne sont pas favorables au commerce. Au XIXe siècle, les marayons préfèrent cultiver les bossis séparant les bassins salicoles, occupation plus rentable que la production de sel. La saliculture réapparaît dans les années 2000 avec de jeunes sauniers formés à Guérande. Ils bénéficient du développement du tourisme et de la gastronomie.
Une polyculture de subsistance est omniprésente et dure jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après celle-ci, le nombre de fermes se réduit progressivement. Aujourd’hui, deux exploitations subsistent : l’une spécialisée dans l’élevage, l’autre dans la viticulture. Elles sont aux mains d’une jeune génération d’agriculteurs qui prend en compte les évolutions des professions et les apports touristiques : fabrication et vente de produits à la ferme, marchés et balades gourmandes.
À partir de 1880, avec la création de l’écluse, le port du Collet, dorénavant sur le territoire communal, voit disparaître l’activité de transport de fret pour ne conserver que la pêche. L’ostréiculture se développe à la fin des années 1970 et est aujourd’hui une activité économique importante de la commune.